Congrès AISLF 2016 – jour #3 (suite)

C’est à « Décentrer le regard » que conviait dans la matinée de mercredi une séance plénière – qui a fait le plein – avec les interventions de Leopoldo Munera, professeur à l’université nationale de Colombie à Bogota et de Renato Ortiz, professeur à l’université de Campinas au Brésil, et l’animation de Ratiba Hadj-Moussa, professeure à l’université de York à Toronto.

La proposition par L. Munera d’un « Plurivers des savoirs » – versus l’idée, passée, du monopole de l’universel, cadre à la fin du 19e siècle de LA tradition sociologique, eurocentrée, une et unique, et socle de la discipline – ouvre aux développements de R. Ortiz vers l’affirmation argumentée – via, entre autres, Edward Saïd et le concept d’orientalisme – que « ce que l’universel exige, le local le dénie », et à sa proposition, en conclusion, des sciences sociales comme « langue avec une diversité d’accents, produits par l’histoire de cette science ».

Il faut tenir le rythme d’une semaine de congrès avec des interventions d’une telle qualité… nos 2 socio-reporters (May et Greg) s’accordent une pause dans Montréal et font la conférence buissonnière pendant quelques heures (chuuuut !!). L’occasion d’imaginer les prolongements possibles pour l’APSE, afin de réinvestir ces pistes de réflexion dans les différents ateliers et chantiers de l’association. Et imaginer pourquoi pas des évènements grâce aux différents nouveaux contacts noués.

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Contrairement aux apparences, le congrès n’est pas de tout repos ! 😉

Mais l’appel de l’UQAM et du congrès se fait de nouveau entendre… nous reprenons le chemin sous-terrain dans la fourmilière de l’université…

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Le hasard nous mène dans la salle du CR33 où il est question… des mutations du travail face au numérique ! Le hasard (?) fait donc bien les choses, puisqu’un atelier de l’APSE « travail et numérique » se réunit régulièrement depuis plusieurs mois pour préparer à partir de septembre des activités sur ce sujet central dans nos sociétés en mouvement, voilà donc une belle opportunité d’ouvrir des échanges intéressants !!

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Quatre présentations intéressantes et dynamiques.

Tout d’abord, Serge Proulx, de l’UQAM, s’interroge sur la possible politisation du digital labor / free labor , l’émergence d’entreprises « a minima » – comprendre, sans salariés – et le développement massif d’un cybercariat, qui replongerait paradoxalement une catégorie de la population dans des conditions de travail « pré-industrielles ».

Claudine Bonneau ensuite, du LabCMO, apporte une réflexion très intéressante sur « la mise en visibilité du travail invisible » par les outils numériques. Les outils de communication instantanée permettent en effet de montrer le travail en train de se faire (tiens, ça nous rappelle quelque chose… le ciné-socio organisé en juin dernier à Paris !!)  et donnent accès « aux coulisses ». Ce que nous faisons à travers notre live tweet quotidien au congrès et ce blog, en préparation d’un travail de capitalisation qui arrivera plus tard…

Régis Barondeau, post-doc en management et technologie, quant à lui, nous explique son cheminement intellectuel à propos des wikis, ces outils « collaboratifs » qui se développent de plus en plus en entreprise. D’abord fasciné par la promesse de l’outil, « évangélisateur » sur le sujet comme il le dit lui-même, Régis en a fait l’objet de ses recherches. Et derrière la théorie, la pratique est… beaucoup plus nuancée ! A travers notamment un cas d’étude dans un hôpital universitaire, il montre que collaborer de manière numérique n’est pas aussi évident que ça, loin de là… « le gros du travail, on finit par le faire à la main ! ».

Enfin, Florence Millerand, enseignante-chercheur à l’UQAM, et Lorna Heaton, de l’université de Montréal, nous ont fait revisiter la question de l’expertise à l’heure du numérique. A travers des observations du fonctionnement de plateformes collaboratives en ligne, elles s’intéressent en particulier à mettre en visibilité de nouveaux acteurs – les amateurs ! – participant à l’activité de production scientifique, et représentant de nouvelles figures de l’expertise dans le contexte numérique. Elles montrent en particulier que l’expertise – par le numérique – devient de plus en plus performative.

Voilà, c’est fini pour aujourd’hui ! Nous vous retrouvons demain pour le 4ème jour de congrès !

N’hésitez pas à nous faire parvenir vos commentaires et suggestions sur l’adresse contact@apse-asso.fr , vos messages nous font toujours plaisir ! 😉