Cycle Les nouvelles formes du travail
L’APSE, en partenariat entre les Masters RH de la Faculté d’Economie Gestion (Université Aix-Marseille) et le LEST (Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail), organise cette année un nouveau cycle de conférences sur les enjeux et les problématiques actuelles du travail.
Pour cette 3ème année de conférences, nous inaugurons un nouveau cycle consacré aux nouvelles formes du travail.
– Comment les principes et les modalités d’organisation de l’activité de travail se transforment-elles aujourd’hui dans les organisations du secteur privé comme du secteur public ?
– Comment contribuent-elles à modifier les conditions de l’activité des salariés et les modalités de l’engagement dans leur travail ?
– Comment contribuent-elles également à déplacer les frontières traditionnelles du monde du travail et les rapports sociaux de production ?
– Quelles sont les conséquences sur ces nouvelles formes de travail sur celles et ceux qui le réalisent comme sur celles et ceux qui l’encadrent ?
Telles sont les questions transversales auxquelles ces conférences chercheront à apporter des éléments de réponse.
Les transformations du travail seront questionnées du point de vue des différents processus dont elles résultent, qu’il s’agisse de l’impact de la révolution numérique sur les modalités d’organisation du travail, de la diffusion de nouvelles normes managériales d’encadrement du travail salarié, ou encore de l’évolution des cadres juridiques et organisationnels à partir desquels se construisent les relations de travail.
Ouvertes à toutes et tous, étudiants, représentants du personnel, professionnels des RH et salariés, ces conférences sont pour cela organisées autour de la présentation, par leur auteurs, de récents ouvrages de sciences sociales, consacrés à l’étude des transformations du monde du travail et des pratiques de management dans les établissements français.
9 novembre 2017, FEG Aix-Ferry Amphi A, 17h30 – 19h30 (14 av. J. Ferry ) : Mélanie Guyonvarc’h, Maître de conférence en sociologie à l’université d’Evry, Centre Pierre Naville, Performants… et licenciés. Enquête sur la banalisation des licenciements.
Le licenciement est aujourd’hui devenu ordinaire. Les restructurations d’entreprises sont diffuses, en temps de crise comme de prospérité. Il est attendu des salariés qu’ils s’adaptent à cette nouvelle donne.
A partir d’une enquête sur des plans de licenciements concernant des domaines de pointe, des salariés dits performants et a priori adaptés à ces nouvelles exigences, dans des entreprises gagnantes au regard des normes en vigueur, l’ouvrage interroge tout à la fois le rôle des acteurs RH dans la banalisation idéologique et gestionnaire du licenciement, et sur le nouveau rapport au travail qu’il induit pour des salariés tiraillés entre une adhésion exacerbée aux valeurs de l’entreprise et une perte profonde d’attaches.
23 novembre 2017, FEG Marseille, Amphi B, 17h30 – 19h30 (14 rue Puvis de Chavannes 1er arr.) : Maud Simonet, chargée de recherche CNRS, IDHES-Université de Nanterre Paris X, Le travail bénévole, engagement citoyen ou gratuit ?
Généralement célébré comme un espace d’engagement désintéressé, le monde associatif ne se résume cependant pas à cette seule dimension. Il constitue également un espace de travail en pleine expansion, qu’il soit réalisé par des bénévoles ou bien par des salariés, aux statuts très variés. Le développement de dispositifs tels que le service civique contribue précisément à brouiller la frontière entre travail et bénévolat, et justifie de s’interroger sur les enjeux sociaux et politiques de ce que l’auteure qualifie de « travail bénévole ». Ses travaux s’appuient pour cela sur plusieurs enquêtes de terrain sur le bénévolat et le volontariat en France et aux Etats-Unis. Il s’intéresse aux usages multiples de ce travail invisible, du point de vue des pouvoirs publics qui le soutiennent, des organisations dans lesquelles il s’exerce et des acteurs qui l’investissent, comme un travail libre et idéal pour les uns, ou comme un tremplin obligatoire et contraint vers l’emploi pour d’autres. Ses enquêtes mettent alors en lumière le rapport ambivalent que le travail bénévole entretient avec le travail salarié, qui interroge sur les contradictions de l’engagement et sa capacité à produire de la précarité.
25 janvier 2018, FEG Aix-Ferry, Amphi A, 17h30 – 19h30 (14 av. J. Ferry ): Sarah Abdelnour, maître de conférences en sociologie à l’université Paris Dauphine, IRISSO, Moi, petite entreprise ? Les auto-entrepreneurs, de l’utopie à la réalité.
« Faire de la France un pays d’entrepreneurs », tel a été l’un des objectifs des politiques menées ces dernières années, dont le point d’orgue est le régime d’auto-entrepreneur, qui a suscité depuis 2008 plus d’un million d’inscriptions. Une analyse du modèle
du « tous entrepreneurs » met en lumière l’origine
libérale de ce type de politiques mises en place par des opposants au modèle salarial. Il en ressort également qu’au-delà de l’autonomie parfois recherchée, la promotion de l’auto-entrepreneuriat séduit notamment en se présentant au service de ceux qui veulent s’en sortir. La fragilité des auto-entrepreneurs est pourtant patente, puisque 90 % d’entre eux gagnent moins que le SMIC et que tous perdent les acquis sociaux du salariat dans une société en voie d’ubérisation. Quel est le sens politique de cette nouvelle injonction à être entrepreneur de sa vie ? En quoi cela vient-il bousculer le modèle social français ? Comment expliquer la mise à leur compte si rapide de plus d’un million d’individus et comment les vies de ces travailleur-se-s s’en sont-elles trouvées modifiées ? Que signifie cette nouvelle injonction à être entrepreneur de sa vie ? Pour le comprendre, cet ouvrage s’appuie sur une enquête sociologique menée à partir de données statistiques et d’une soixantaine d’entretiens, qui permettent notamment de restituer le parcours et le quotidien de ces travailleurs d’un nouveau genre.
29 mars 2018 FEG Marseille, Amphi B, 17h30 – 19h30 (14 rue Puvis de Chavannes 1er arr.) : David Gaborieau, Docteur en sociologie à l’université de Paris 1, Des usines à colis. Trajectoire ouvrière des entrepôts de la grande distribution.
Dans les entrepôts de la grande distribution alimentaire, l’introduction d’un nouvel outil de travail, le guidage par commande vocale, a considérablement modifié le travail des préparateurs de commande. Auparavant caractérisée par l’absence d’enchaînement et la possibilité de prendre de l’avance, l’activité de préparation a évolué vers une temporalité restrictive comparable à celle d’un ouvrier sur chaîne. Sous guidage vocal, « le nez dans le micro », le savoir-faire des préparateurs est réduit à un engagement physique. L’usage du corps constitue alors une ressource en tant mode d’appropriation du sens au travail, mais également un rempart lorsque des pathologies font apparaître les limites de l’intensification.