Dialogue(s) en entreprise – Retour sur la rencontre du 7 février 2019
C’est le 7 février dernier qu’a eu lieu un après-midi de rencontre-débat dans le cadre du cycle de rencontres de l’APSE sur le thème du dialogue en entreprise.
Construite autour de deux témoignages suivis de discussions en petits groupes puis de mise en commun et débat en plénière, cette rencontre a proposé d’interroger l’émergence de nouvelles formes de dialogue au travail. Dans cette perspective, une quarantaine de personnes – principalement consultants et acteurs du monde l’entreprise – ont pris le temps, de 14h à 18h, pour des échanges et des discussions nourris tant par les témoignages que par l’expérience de chacun.
Dans un contexte d’incertitude généralisée et de changement permanent et en accélération quelle place peut être faite en entreprise à la mise en commun de sens qui caractérise le dialogue ? Quel rôle peut jouer la sociologie de l’entreprise et d’autres approches en sciences humaines et sociales pour des dialogues qui soient une ressource stratégique adaptée aux transformations contemporaines ?
Le premier témoignage, par Catherine Boucher, intervenante Cyrcée, et Claire Rueff-Escoubes, intervenante Agasp, a porté sur la mise en place dans le département d’un grand groupe du secteur assurances d’un dispositif méthodologique d’expression et de concertation. Visant à développer la qualité de vie au travail, le dispositif s’appuie sur les travaux de Gérard Mendel en psycho-sociologie.
Le 2nd a porté sur une action collective de développement du leadership dans un département d’un grand organisme de recherche publique. Les témoins, chercheurs de ce département, étaient May Balabane – Parent du Châtelet, à l’époque co-conceptrice/animatrice de cette action basée sur les concepts et méthodes de la sociologie de l’entreprise et Guy Richard, à l’époque chef du département.
Les réflexions en groupes animés par des membres du conseil d’administration de l’association et les échanges en plénière ont mis en exergue quelques-unes des dimensions d’un dialogue qui loin de toute banalisation de la parole et de l’échange pourrait constituer une ressource stratégique dans l’entreprise.
« Le temps, le temps, le temps et rien d’autre ! ». Le temps d’un tel dialogue est aussi un temps pour élaborer, concrètement, conjointement, au plus près de l’activité et du travail réels.
Comment créer les conditions pour que la parole soit possible ? C’est cette question qui s’invite au cœur de la problématique. Des garants bien identifiés d’une règle du jeu explicite et partagée, une direction engagée à répondre à ce qui ressort du dialogue, la conscience de scènes où l’on est dans la parole et de scènes où l’on donne à voir ce qui s’élabore par le dialogue : autant d’incontournables. Le rôle des méthodologies d’intervention apparaît central.
Ouvrir par le dialogue un espace de partage et de débat, malgré les dissonances et surtout avec elles, s’aborde différemment selon les identités collectives. Le choix de méthode est contexte-dépendant.
Que le dialogue s’initie dans un cas sur fond de crise et dans l’autre à partir d’une envie de progresser, le renvoi d’image sur les deux témoignages est qu’il y a bien un « avant » et un « après ».
Sans tension, pas d’enjeux ! Dialoguer pour retrouver du pouvoir d’agir ? Pouvoir se protéger si la représentation du dialogue est celle d’une injonction à discuter ? Cette ouverture du champ en forme de dilemme a émergé vers la fin de notre rencontre. Elle nous semble ouvrir la voie à des réflexions et rencontres futures intéressant la sociologie de l’entreprise dans le contexte de notre XXIème siècle commun.
Cette rencontre était animée par May Balabane - Parent du Châtelet, vice-présidente de l’APSE, et Grégory Lévis, président de l’association. Le groupe d’organisation du cycle de rencontres-débats de l’APSE sur le dialogue en entreprise - réalisé en partenariat avec CELSA-Sorbonne Université et Nonfiction - comprend également Catherine Boucher, intervenante à Cyrcée Consulting, Danièle Cerland-Kamelgarn, vice-présidente de l'APSE, Elisabeth Grosse, consultante en organisation du travail, et Olivia Foli, maîtresse de conférences au CELSA-Sorbonne université.