Quand les sociologues répondent à la commande : de nécessité faire vertu (Paris, 14 mai 2019)

En janvier 2017 la revue Sociologies Pratiques lançait un appel à articles sur la question : « Quelles demandes pour quelles sociologies au XXIème siècle ? ».
Cet appel s’était donné comme objectif d’apporter un éclairage sur la situation contemporaine de la sociologie et sur son rapport à la société en partant de la demande sociale et des commandes auxquelles elle peut donner lieu.
Devant l’abondance et la qualité des intentions d’articles reçues, le comité de rédaction de la revue avait décidé de leur consacrer les deux numéros à paraître en 2018.

Le premier, le numéro 36, a permis de faire un point sur la demande de sociologie en tant que telle :

  • Existe-t-elle bien ?
  • Sur quoi porte-t-elle ?
  • S’adresse-t-elle vraiment à ce qu’est la sociologie ?
  • Quels sont les différents registres de réponse mobilisés par les sociologues ?
  • Comment font-ils pour tenir leur posture professionnelle analytique face à certaines commandes (souvent instrumentales, orientées par des logiques gestionnaires ou managériales et « l’esprit de calcul ») ?
  • Ces dernières ne sont-elles pas aussi mâtinées d’une demande croissante d’explication et de compréhension ? La sociologie critique y a-t-elle encore sa place ? 

Le deuxième, le numéro 37, est plus particulièrement centré sur le traitement concret des commandes, avec ce qui peut en ressortir :

  • types de résultats,
  • pratiques et méthodes innovantes (tendant notamment à inclure de plus en plus les acteurs du terrain dans une démarche collaborative et par leur mise en réflexivité),
  • retours pour la discipline,
  • liens entre sociologues et terrains de recherche ou d’intervention (pouvant aller jusqu’à l’engagement) ainsi qu’entre sociologues et « publics » (pour la diffusion des résultats).

Le paysage qui ressort de ces deux numéros est celui d’une discipline en mutation ; à la fois plus inclusive, collaborative, pluridisciplinaire… et plus que jamais lucide sur ses fragilités.
Celui d’une discipline plus ouverte à des formes d’hybridations entre production, traduction et application du savoir ; d’alliances inédites entre acteurs dans la co-construction des interprétations sociologiques ; d’une plus grande porosité entre sociologie praticienne et sociologie académique etc.

Celui, aussi, d’une discipline qui s’expose parfois à des déconvenues et à la mauvaise conscience, quand la société se méfie des sociologues ou les renvoie à des rôles « d’acceptologues » à des fins utilitaristes, pour reprendre les mots d’un auteur. 

Face aux terrains, les sociologues innovent et donnent à voir dans ce numéro les coulisses de leurs pratiques professionnelles ordinaires et la réflexivité qui s’y exerce, autrement dit leurs compétences.
Et ils semblent innover davantage sous la pression de facteurs exogènes qu’endogènes, parfois à marche forcée, et en premier lieu sous la pression des commandes explicites (solvables) et des demandes implicites (informulées) qui leur sont adressées en ce début de 21ème siècle.
En ce qui concerne les premières, tout l’enjeu semble alors de faire de nécessité vertu pour satisfaire des attentes dont l’imprécision et l’ambivalence sont autant d’interstices pour exercer les fondamentaux de la discipline, parfois même à l’insu des commanditaires.
Les ruses de la mise en œuvre, révélées par la sociologie du guichet dans les services publics, s’appliqueraient aussi aux sociologues !
Quant aux deuxièmes, elles représentent un continent encore largement inexploré.

Avec la présence de certains des auteurs et des coordonnateurs de ces numéros, cette rencontre-débat sera l’occasion d’échanger sur la fabrique de la sociologie en mode plus ou moins contraint par des commandes aux logiques variées, et d’explorer ce que cela engendre pour la discipline.

Mais, après tout, n’est-ce pas ainsi que la discipline est en train de réinventer de nouvelles manières de faire, de plus en plus en prise avec la réalité, ni crédules ou complaisantes, ni repliées sur elles-mêmes au nom du refus total de toute compromission ?

Peut-être même un nouveau « genre sociologique » pour reprendre une expression de Sylvie Monchatre ?
Ce questionnement amène à appliquer un regard sociologique sur la sociologie en actes et à contribuer à la production d’une réflexivité sur les pratiques, qu’on peut lire comme la marque d’une forme de maturité et de professionnalisation… et une manière de s’armer intellectuellement face au défi permanent de la réceptivité du discours sociologique.

Avec la participation d’auteurs de ces deux numéros :

  • Agathe Devaux, Sociologue, Quadrant Conseil & Centre Emile Durkheim, UMR, CNRS 5116,
  • Sandrine Garcia, Sociologue, professeur en sciences de l’éducation, IREDU (Institut de Recherche sur l’Education), Université de Bourgogne, 
  • Elsa Lagier, Docteur en sociologie, chercheure associée au laboratoire DynamE (Dynamique Européennes) UMR 7367 – Université de Strasbourg,
  • Denis Salles, Directeur de recherches, (IRSTEA) Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, Bordeaux

Cette rencontre-débat sera co-animée par les coordonnateurs de ces deux numéros :

  • Laurence Ould Ferhat, Sociologue évaluatrice, ADEME et Laboratoire « Printemps » UVSQ,
  • Pascal Thobois, Sociologue intervenant et chargé d’enseignement à Sciences Po. Paris,
  • Pierre Moisset, Sociologue intervenant,
  • François Granier, Sociologue, Chercheur associé, CNRS-LISE.

Cet évènement est gratuit et ouvert à toutes et tous, mais l’inscription préalable avant le 7 mai est obligatoire, une pièce d’identité sera demandée à l’entrée.

Vous pouvez vous procurer ces deux numéros :

Pour soutenir la revue Sociologies Pratiques, l’APSE vous invite à vous abonner sur le site des Presses de Sciences Po, vous recevrez ainsi directement chez vous les prochains numéros.

mardi 14 mai 2019 de 18h30 à 20h30

Université Paris III
salle 218 A (2e étage du bâtiment central)
13 rue Santeuil
75005 PARIS
Métro Censier-Daubenton ou Bus 91 Saint-Marcel Jeanne d’Arc

Attention : une pièce d’identité sera demandée à l’entrée, l’inscription préalable est obligatoire

Inscription en ligne :Cliquer ici