Cycle 2022-2023 de nos rencontres-débats à Aix-Marseille
Notre nouveau cycle de rencontres-débats organisé en partenariat les Masters RH de la Faculté d’Economie Gestion (Université Aix-Marseille) et le LEST (Laboratoire d’Economie et de Sociologie du Travail) commencera cet automne, mettez à jour vos agendas !
Dans ces évènements proposés par l’APSE, il s’agit d’étudier les mutations des mondes du travail, en s’intéressant notamment aux enjeux et problématiques qui font sens pour les individus et les collectifs. Ces enjeux seront liés à une analyse des évolutions des pratiques de management et de gestion des ressources humaines.
Les 4 conférences de l’année 2022-2023 sont, comme les précédentes, organisées autour de la présentation, par leurs auteurs, d’ouvrages de sciences sociales. Tous sont consacrés à l’étude des transformations du travail à partir d’enquêtes de terrain approfondies.
Ces conférences sont ouvertes à toutes et tous, enseignant·es, chercheur·es, étudiant·es, consultant·es, syndicalistes, professionnel·les des RH et salarié·es, et elles font la part belle aux discussions avec le public.
Les inscriptions se feront en ligne sur le site web de l’APSE environ un mois avant chaque séance.
Jeudi 6 octobre 2022 (17h30-19h FEG site IBD Marseille salle 03) : Arnaud Mias, professeur des universités Paris Dauphine PSL, chercheur à l’IRISSO, Dé-libérer le travail – Démocratie et temporalités au cœur des enjeux de santé au travail, Éditions Teseo, 2021.
Le temps d’une recomposition profonde des conditions de travail est-il venu ? La crise sanitaire et les mesures qui se succèdent pour y faire face mettent en relief le rôle des frontières sociales, spatiales et temporelles dans l’organisation de l’économie et questionnent le fonctionnement des régimes démocratiques. Ils donnent une visibilité à l’ampleur des inégalités, mais aussi à l’importance vitale de certains métiers souvent peu valorisés, voire méprisés. Le tableau est sombre, mais les expériences de transformation du travail aident à resserrer l’attention sur l’essentiel : une libération réelle du travail, qui nécessite un cadre collectif et la possibilité de délibérer régulièrement.
Jeudi 1er décembre 2022 : Scarlett Salman (17h30-19h FEG site Ferry Aix), sociologue, maîtresse de conférences à l’Université Gustave Eiffel, chercheuse au LISIS, Aux bons soins du capitalisme – Le coaching en entreprise, Les Presses de Sciences Po, 2021.
Cette enquête au long cours sur le coaching en entreprise, qui croise les témoignages de coachs, de DRH et de cadres, s’interroge sur le « nouvel esprit » d’un capitalisme qui tend à ériger l’individu, et même la personne, en projet, au risque de décharger les entreprises de leurs responsabilités organisationnelles. Des salariés heureux sont des salariés efficaces. Sur ce credo, toute une panoplie de discours et de pratiques se sont introduits dans les entreprises depuis une vingtaine d’années : conseils de psys aux managers et aux dirigeants, formations au « management bienveillant », apparition de Chief happiness officers, séances de méditation pour conjurer le stress au travail, etc. Au cœur de cette évolution, une nouvelle activité suscite les vocations : le coaching. Ses interventions, orchestrées par des services RH convertis aux idées du développement personnel, restent entourées d’un certain mystère. Le coaching est-il le symbole d’un « capitalisme à visage humain », ou au contraire l’agent d’une injonction managériale au bien-être et à l’optimisation de soi ?
Jeudi 2 février 2023 (17h30-19h FEG site IBD Marseille salle 03) : Caroline Datchary, sociologue, maîtresse de conférences à l’Université Toulouse 2 et directrice adjointe du LISST, La dispersion au travail, Octarès Éditions, 2011.
Peut-on se disperser efficacement au travail ? Ces dernières années, le travail a connu de profondes transformations, les compétences attendues par les entreprises ont donc évolué. Les environnements de travail sont devenus largement instables, et une part importante de la gestion de cette instabilité repose directement sur un salarié amené à reconfigurer régulièrement son activité : modifications de dernière minute, réunions déplacées, téléphone qui n’arrête pas de sonner. Exhorté à être à la fois mobilisé et autonome, ce salarié se trouve ainsi confronté au quotidien à ce que l’on peut qualifier de « dispersion ». Gérer celle-ci s’apparente à une véritable compétence, qui n’est cependant pas reconnue en tant que telle. Pire, rabattue sur des catégories morales ou pathologiques, la capacité à gérer la dispersion est le plus souvent disqualifiée. Pourtant, la juste reconnaissance des charges et des compétences associées à la gestion des situations de dispersion constitue un besoin impérieux pour asseoir une représentation plus légitime des pratiques professionnelles.
Jeudi 2 mars 2023 (17h30-19h FEG site IBD Marseille salle 03) : Olivia Foli, sociologue, maîtresse de conférences Université Paris Sorbonne/CELSA, Les paroles de plainte au travail : des maux indicibles aux paroles du quotidien, Éditions des archives contemporaines,2021. Se plaindre, est-ce souffrir ? La plainte s’adosse au vécu et aux émotions du plaignant mais, en tant que parole adressée à un interlocuteur, elle s’inscrit aussi dans les rapports sociaux. Bien qu’un écart existe entre souffrance et plainte, il est courant que les deux notions soient assimilées. L’amalgame amène à des raccourcis trompeurs, occultant ce que le contexte fait aux pratiques langagières, en particulier au travail. Toutes les souffrances ne se disent pas, et les liens entre le mal-être ressenti et l’énonciation des plaintes sont variables. Outre une démonstration appuyée sur de nombreux exemples, l’ouvrage propose une méthode d’analyse et une typologie empirique.